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Bibliographie socialiste

Quelques ressources pour aller plus loin

1. Le monde du travail

Florence AUBENAS, Le quai de Ouistreham, Paris, Éditions de l’Olivier, 2010, 237 p. (un beau reportage à la première personne pour comprendre ce que c’est que le travail précaire aujourd’hui dans le Nord de la France).

Stéphane BEAUD, Michel PIALOUX, Retour sur la condition ouvrière, Paris, La Découverte, 2012, 492 p. (un classique de la sociologie du monde ouvrier).

Cornelius CASTORIADIS, « Le contenu du socialisme », in L’expérience du mouvement ouvrier, tome 2, Paris, Éditions du Sandre, 2012, pp. 19-141 (la description minutieuse de ce que serait une société, et une économie, socialiste, à mille lieues des cauchemars totalitaires issus de la révolution bolchévique).

Cornelius CASTORIADIS, Daniel COHN-BENDIT, De l’écologie à l’autonomie, Paris, Le Seuil, 1981 (deux très belles conférences délivrées à Louvain-la-Neuve en 1980, avec un Castoriadis au meilleur de sa forme et un Cohn-Bendit qui n’a pas renié les idéaux de sa jeunesse, pour comprendre pourquoi l’écologie ne peut qu’être de gauche et anticapitaliste, et qu’est-ce que ce dernier terme signifie. L’enregistrement des conférences est disponible gratuitement sur Internet).

Lucien COLLONGES (coord.), Autogestion, hier, aujourd’hui, demain, Paris, Syllepse, 2010 (de très nombreux exemples d’autogestion tirés de l’histoire récente, ou plus ancienne).

Christian COROUGE, Michel PIALOUX, Résister à la chaîne, Marseille, Agone, 2011 (Mémoires sociales) (un magnifique témoignage de lutte ouvrière et de lucidité quant à ses difficultés, doublé d’une analyse très précieuse des transformations récentes du monde ouvrier).

Hal DRAPER, Les deux âmes du socialisme [1966], Paris, Syllepse, 2008, 201 p. (en moins de cent pages, Draper décrit l’opposition entre le socialisme par en haut, autoritaire et centralisé, et le socialisme par en bas, démocratique et autogestionnaire).

Bernard FRIOT, L’enjeu du salaire, Paris, La Dispute, 2012 (une analyse extrêmement claire sur les potentialités révolutionnaires du salaire et de la cotisation sociale).

André GORZ, Métamorphoses du travail [1988], Paris, Gallimard, 2004, (Folio essais) (une analyse sociologique et économique des transformations du travail, et un vrai projet pour dépasser le capitalisme sans s’abîmer dans la dictature. On pourra aussi lire d’autres titres d’André Gorz, tous excellents).

Daniel MOTHE, Journal d’un ouvrier (1956-1958), Paris, Les Éditions de Minuit, 1959 (l’explication, par un ouvrier, qu’une usine ne peut fonctionner sans que les ouvriers désobéissent en permanence aux règlements et aux ordres qui leur sont donnés).

Joseph PONTHUS, À la ligne. Feuillets d’usine, Paris, La Table ronde, 2019 (un récit autobiographique impressionnant dans le monde de l’intérim, entre conserveries, abattoirs et immense fatigue physique et mentale).

Jacques RANCIERE, La nuit des prolétaires, archives du rêve ouvrier [1981], Paris, Hachette, 2009, 451 p. (un livre très original, concentré sur les écrits des ouvriers eux-mêmes qui, tout au long du XIXe siècle, tentèrent de se libérer la tête de l’oppression, par la poésie, par la philosophie, par le journalisme, etc.).

Miguel RODRIGUEZ, Le 1er mai, Paris, Gallimard, 2013, 366 p. (Folio histoire) (une histoire du 1er mai à partir des pratiques qui lui sont liées depuis plus d’un siècle).

 

2. Quelques classiques

Nicolas MACHIAVEL, La révolte des Ciompi, un soulèvement prolétarien à Florence au XIVe siècle [1532], Toulouse, CMDE, Smolny, 2013 (un passage des Histoires florentines dans lequel Machiavel raconte la révolte des Ciompi, la corporation des ouvriers de la laine, qui eut lieu en 1378).

Karl MARX, Le Capital [1867], Toulon, Soleil Manga, 2011, 192 p. (il s’agit d’une adaptation en bande dessinée du premier volume du Capital, plutôt bien faite et très didactique. Pour celles et ceux qui n’aiment pas la bande dessinée, je conseillerais plutôt de commencer par lire Le Manifeste communiste).

George ORWELL, Le quai de Wigan, Paris, 10/18, 2000 [éd. originale : The Road to Wigan Pier, 1937] (une enquête dans les quartiers pauvres de Manchester dans les années 1930, suivie d’une analyse décapante du socialisme et des socialistes).

John STEINBECK, Les raisins de la colère, Paris, Gallimard, 1972 (Folio) [éd. originale : The Grapes of Wrath, 1939] (l’un des plus beaux romans qui aient été écrits sur les misères provoquées par le capitalisme, la concurrence entre les travailleurs, et l’industrialisation de l’agriculture aux États-Unis au temps de la Grande Dépression. Splendide adaptation filmée, en 1939, par John Ford).

Simone WEIL, La condition ouvrière, Paris, Gallimard, 1951, 522 p. (Folio essais) (quelques textes incandescents autour de l’expérience que Simone Weil vécut comme ouvrière dans les années 1930).

 

3. Histoire du mouvement ouvrier et des syndicats par pays

ANGLETERRE

Edward P. THOMPSON, La formation de la classe ouvrière anglaise, Paris, Le Seuil, 2012, 1164 p. [éd. originale : The Making of the English Working Class, 1961] (un extraordinaire travail historique sur la création d’une classe ouvrière par les ouvriers eux-mêmes, en Angleterre de la fin du 18e siècle au début du 20e siècle. L’un de ces gros livres trop nombreux dont on se dit toujours qu’il faudrait les avoir lus).

FRANCE

Xavier VIGNA, Histoire des ouvriers en France au XXe siècle, Paris, Perrin, 2012, 404 p.

ÉTATS-UNIS

Howard ZINN, Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, Marseille, Agone, 2002, 810 p. [éd. originale : A People’s History of the United States, 1980].

Philip DRAY, There is Power in a Union, the Epic Story of Labor in America, New York, Anchor Books, 2011, 772 p.

ITALIE

Bruno TRENTIN, La cité du travail, le fordisme et la gauche, Paris, Fayard, 2012 (Poids et mesures du monde) [éd. originale : La città del lavoro, 1997].

SUISSE

Valérie BOILLAT (et. al.), La valeur du travail, histoire et histoires des syndicats suisses, Lausanne, Antipodes, 2006 (Histoire) (une bonne synthèse récente de l’histoire syndicale suisse).

Collectif, Cahiers de l’AEHMO, Lausanne, Éditions d’en bas (l’Association pour l’étude de l’histoire du mouvement ouvrier édite chaque année un cahier, sur un thème particulier. Ils constituent tous ensemble sans doute le meilleur aperçu de l’histoire du mouvement ouvrier suisse).

Laurence MARTI, L’émergence du monde ouvrier en Suisse au XIXe siècle, Neuchâtel, Alphil, 2020.

François MASNATA, Claire RUBATTEL, Le pouvoir suisse, séduction démocratique et répression suave, Vevey, L’Aire, 1995 (3e édition) (un bon antidote contre le prêt-à-penser sur la Suisse, ses cercles du pouvoir très restreints, les mythes qui les renforcent, les mensonges qui assoient leur domination, etc.).

 

4. FILMOGRAPHIE

Les LIP, l’imagination au pouvoir, Christian Rouaud (réal.), France, 2007 (un retour sur la reprise de l’entreprise LIP de Besançon par ses ouvriers en 1973, un témoignage passionnant et très émouvant des acteurs et actrices de l’époque).

The Navigators, Ken Loach (réal.), Angleterre, 2001 (un film sur la privatisation des chemins de fer britannique, et sur la résistance des cheminots. Tous les films de Ken Loach sont intéressants).

Ressources humaines, Laurent Cantet (réal.), France, 1999 (comment un fils d’ouvrier est chargé de «dégraisser» l’entreprise de son père, une très belle illustration de la fierté ressentie par la réussite du fils, et de la perte tragique de l’appartenance à la classe ouvrière).

L’héritage de la chouette, Chris Marker (réal.), France, 1989 (treize chapitres pour interroger la Grèce antique. L’intervention intégrale de Castoriadis sur la démocratie est une leçon extraordinairement claire sur le sens véritable de ce mot. L’ensemble est désormais accessible sur Internet).

L’An 01, Gébé et Jacques Doillon (réal.), France, 1972 (un film réjouissant de l’après-68, dans lequel on arrête tout, on s’assoit et on réfléchit !).

14 films des Groupes Medvedkine, France, 1967-1974 (un coffret DVD, éditions Montparnasse) (une sélection de films tournés par les Groupes Medvedkine, formés de professionnels du cinéma et d’ouvriers, à Besançon et Sochaux : une expérience culturelle déterminante pour celles et ceux qui y participeront).

Germinal, Yves Alégret (réal.), France, 1963 (une très belle adaptation du roman d’Émile Zola, préférable à la réunion de stars des années 1990).

L’intendant Sansho, Keiji Mizoguchi (réal.), Japon, 1954 (comment un aristocrate japonais du 17e siècle, vendu comme esclave, s’enfuit puis, nommé préfet, abolit l’esclavage et libère ses anciens camarades. L’un des chefs-d’œuvre du cinéma mondial).

How Green Was My Valley (Qu’elle était verte ma vallée), John Ford (réal.), États-Unis, 1941 (une grève des mineurs du pays de Galles, vue à travers les yeux d’un enfant).

La Grève, Sergeï Eisenstein (réal.), URSS, 1924 (premier film d’Eisenstein, propagande en faveur du régime soviétique, construit autour d’une grève déclenchée suite au suicide d’un ouvrier. Toujours d’actualité, malheureusement).

Proposée par Antoine CHOLLET, du Centre Walras-Pareto de l’Université de Lausanne, cette bibliographie «très sélective et tout a fait subjective» vous invite à découvrir quelques livres qui peuvent être utiles et donnent des armes pour penser et agir.