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Nous avons besoin d’un nouveau contrat social

par | 20 mai 2021 | Articles de presse, Démocratie, Finances, Médias

Les conséquences de la pandémie pèsent tant sur le plan social qu’économique. À cela s’ajoute la crise climatique, une catastrophe pour l’humanité qui nécessite des solutions sociales collectives urgentes. Pendant que les milieux syndicaux et les mouvements sociaux demandent un «nouveau départ social», j’estime qu’il nous faut plutôt un nouveau «contrat social», car le problème est global et il nécessite un nouveau paradigme.

Portrait d'Ihsan Kurt

Ihsan Kurt

Malgré les fortes turbulences que nous traversons, les milieux libéraux veulent un désengagement de l’État vis-à-vis de l’économie, ce qui a des effets encore plus graves. Alors que pour sortir de cette crise, le rôle de l’État devient essentiel. Une 13e rente AVS ainsi que l’augmentation de celle-ci pour les femmes et l’instauration d’un système de revenu de base inconditionnel devraient être réalisés et renforcés par la création d’une caisse maladie unique gérée par l’État.

De l’argent, il y en a. Les bénéficies de la Banque nationale suisse sont suffisants pour financer l’AVS dont le coût est évalué à environ 3,5 milliards. Ses réserves se montent à plus de 800 milliards de francs. Le renforcement de l’AVS contribue d’une part à prévenir la pauvreté chez les personnes âgées et évite que ces dernières se tournent vers l’aide sociale. D’autre part, il soutient le pouvoir d’achat et le développement économique.

 

«Le revenu de base inconditionnel
n’est pas une nouvelle charge pour l’État.»

 

Le revenu de base inconditionnel n’est pas une nouvelle charge pour l’État. Il suffit de faire une répartition démocratique de la richesse produite pour qu’elle bénéficie à l’ensemble de la population. Ce revenu peut globalement s’autofinancer par le simple transfert des coûts de la part des prestations sociales qu’il remplace et celui de la part de la valeur produite par l’activité économique qui couvre les besoins de base des actifs.

Nous sommes dans une véritable turbulence. Et ce n’est pas du catastrophisme que de rappeler cette vérité. Il y a plus de 400’000 personnes au chômage technique, 160’000 au chômage standard, contre 100’000 avant la crise sanitaire. Le nombre de personnes à l’aide sociale augmente et il y a en plus les indépendants qui dépendent du régime de l’allocation perte de gain.

 

Des solutions urgentes

Tout cela rend encore plus nécessaire et important le rôle que doit jouer l’État à travers des mesures publiques, par des soutiens à l’emploi, au pouvoir d’achat et à la culture. Au niveau global, on observe la destruction de la biodiversité, des guerres, des famines, des exodes massifs… Et malgré tout cela, les gouvernements des pays industrialisés et les milieux financiers s’opposent aux transformations sociales et écologiques nécessitant des solutions urgentes.

«Les vices n’appartiennent pas tant à l’homme qu’à l’homme mal gouverné», écrit J.-J. Rousseau dans sa comédie théâtrale, «Narcisse ou l’amant de lui-même». Alors que ce que vit l’humanité est dramatique, nous avons besoin d’un nouveau contrat social, un nouveau départ social pour l’avenir.

 

Ihsan Kurt

Ihsan Kurt est travailleur social et possède un Master en administration publique (IDEHAP). Il a été élu à la Municipalité de Prilly en mars 2021 et y dirigera le service des finances

Texte paru le jeudi 20 mai 2021 dans le quotidien 24 Heures