L’exercice du droit de préemption par la Commune sur une parcelle de Corminjoz déchaîne les passions. A tel point que, dans un grand élan antidémocratique révélateur, la droite a tué le débat en quittant la salle du Conseil communal jeudi soir lorsqu’elle a vu qu’elle était minoritaire, empêchant l’organe délibérant de voter sur cette question pour des raisons de quorum.
Ce n’est pourtant pas ce petit bout de terrain – même si c’est la dernière grande parcelle privée non construite de la commune – qui déchaine ces passions et l’ire de la droite. Non, ce n’est pas cela.
Nous avons assisté jeudi soir à un édifiant épisode de la lutte des classes – que certains essaient pourtant de faire croire enterrée avec les ruines de l’URSS. Nous avons alors pu constater que cette lutte des classes est encore bien vivante et ô combien d’actualité.
Car ce qui s’est joué jeudi soir se déroule au cœur même de cette lutte, celle entre possédants du capital foncier et financier, les «bourgeois» (et leurs relais politiques) et les dépossédés, comme vous et moi, qui ne possédons rien ou presque (être propriétaire de votre logement ne fait pas de vous un possédant!). Si, historiquement, notre parti a toujours revendiqué la collectivisation des outils de production et de la propriété foncière, ses principes actuels visent à une juste répartition entre possédants et dépossédés en demandant à l’État, garant d’un bien-être minimal pour tous, de veiller à des conditions de vie minimales acceptables – et dont le logement est un des aspects essentiels. Or, pour la droite, c’est un crime de lèse-majesté que de s’attaquer à la propriété privée qui représente le cœur même du capitalisme et de son système de valeurs.
Et c’est bien là que le bât blesse, nous en avons eu une belle démonstration jeudi soir, sous couvert d’arguties juridiques. Constatant qu’elle était minorisée et que ses arguments en faveur de promoteurs immobiliers avides de spéculer sur nos terres ne portaient pas, la droite tous partis confondus – y compris Le Centre et les Vert’libéraux qui prétendent défendre les familles et la classe moyenne – a préféré saboter le processus démocratique pour garantir qu’une telle hérésie ne se produise pas, plutôt que de soutenir un projet de logements coopératifs à loyers abordables, dont la population prillérane a pourtant tellement besoin et qu’elle soutient massivement.
Yan Giroud
Co-président
Conseiller communal