Depuis le début de la législature qui a vu la gauche devenir majoritaire tant à la Municipalité qu’au Conseil communal, la politique prillérane traverse une période de crise, nous dit-on. Cette «crise» était-elle évitable? Au Parti socialiste et indépendant de gauche, nous pensions bien naïvement que oui. Nous pensions – à tort – que le syndic PLR, seul représentant de la droite à l’Exécutif, avait pris conscience de sa situation minoritaire et en avait évalué les conséquences avant de revendiquer la syndicature. Nous pensions – à tort encore – qu’arrivé au terme de sa carrière politique, il prendrait à cœur de transmettre les «ficelles du métier» à la jeune génération en passe de prendre les commandes.
Or, d’un point de vue systémique, la «crise» était certainement inévitable. Après des décennies de suprématie des partis bourgeois, l’accession de la gauche au pouvoir est un changement majeur qui a déstabilisé un équilibre des forces bien enraciné. Pour la première fois, la droite a dû laisser la place à l’alliance PSIG-Verts, alors que durant la législature précédente elle gardait une majorité de blocage au Conseil communal. Elle n’a réalisé que dernièrement ce que cela signifie concrètement d’être minorisée.
«La droite n’a réalisé que dernièrement ce que cela signifie concrètement d’être minorisée.»
Cette perte de contrôle lui est douloureuse, probablement par manque d’expérience du fonctionnement de la démocratie perçue d’un point de vue de minoritaires. Cela se traduit par le blocage de processus démocratiques en cas de désaccord, comme lorsqu’elle a quitté la salle du Conseil communal pour faire capoter un projet auquel elle était opposée.
De plus, la droite semble oublier que la collégialité n’a pas pour objectif de museler les élu·e·s de gauche dans les Exécutifs, mais découle du respect des principes qui régissent le pouvoir exécutif en demandant à l’ensemble du collège de soutenir les propositions qui ont été démocratiquement votées en leur sein et ce, quel que soit leur bord. Et qu’elles s’appliquent donc aussi aux élu·e·s de droite lorsqu’ils ou elles sont minorisé·e·s. Mais s’agit-il réellement d’une «crise» politique à Prilly? N’est-ce pas simplement que le débat politique se réaffirme, que des visions d’avenir et de société s’affrontent dans une ville où les édiles se cantonnaient jusqu’à présent à faire de la «gestion communale»?
Processus lent et douloureux
On assiste actuellement à une réorganisation des rapports de force qui induit naturellement une période de turbulences, le temps que le système retrouve un équilibre conforme à la nouvelle répartition politique. Mais ce processus est sans doute douloureux pour une droite habituée à tenir le gouvernail.
En cas de victoire du candidat de droite le 12 mars, peut-être le syndic se sentira-t-il moins seul, mais les tensions seront assurément tout aussi palpables que précédemment tant que durera cette phase de deuil.
Olivier Pilet
Coprésident PSIG