Certes, en Suisse personne ne meurt de faim. Mais la pauvreté existe aussi dans les pays riches comme le notre. On ne la croise pas à tous les coins des rues de nos villes modernes, et on ne préfère pas la rendre trop visible non plus, car elle peut noircir l’image d’un pays qui affiche une des meilleures qualités de vie au monde.
Malgré ce regard minimaliste, la pauvreté est belle et bien réelle en Suisse. Il n’est pas facile de la diagnostiquer, pas facile de la comprendre, de l’affronter et surtout d’apporter des solutions durables, malgré les prestations de notre Etat social, de droit et libéral. En Suisse, elle concerne 660’000 personnes, soit un taux d’environ 8% de la population, selon les critères officiels. Certes, la pauvreté n’est plus la même qu’il y a 100 ans : la plupart des personnes concernées ne vivent pas dans un dénuement total. Mais on ne vit pas de la même façon que le reste de la population quand on doit se contenter de 1000 Francs par mois. Certains biens et services, pourtant considérés comme fondamentaux, sont souvent difficilement accessibles aux personnes pauvres.
Selon les rapports de 2018 de l’Office fédérale de la statistique (OFS), les familles monoparentales sont les plus touchées avec un taux de 20%. Les migrants de l’Europe de l’Est ou d’un pays extra-européen (17.5%), les personnes sans activité professionnelle (14.4%) et les personnes sans formation post-obligatoire (12.1%) sont aussi les plus représentées. En 2018 le taux de pauvreté était de 3.7% dans la population active soit environ 133’000 personnes ayant un salaire ne suffisant pas à assurer leur existence. Ces chiffres sont stables par rapport à 2017. Mais en 2019 ils avaient atteint un niveau plus élevé. On ne connait pas encore les chiffres exacts afin de comprendre l’impact de Covid-19, sur la pauvreté. Une personne sur huit (12%) déclare avoir de la peine à joindre les deux bouts. Près de 6% de la population était en situation de privation matérielle et de moyens financiers insuffisants. Ce pourcentage reste toutefois l’un des plus bas en Europe dont la moyenne se situe à 13.2%.
On mesure la pauvreté par rapport au revenu moyen d’un pays. En Suisse, les personnes pauvres peuvent bénéficier d’aide publique mais elles ne peuvent pas vivre comme le reste de la population en raison d’un faible pouvoir d’achat sur la consommation, les loisirs, la qualité de vie, inégalitaire et peuvent ainsi se sentir exclues. On nomme «inégalités sociales» les différences de richesses à l’intérieur d’un même pays. Les personnes qui ne disposent pas de ressources matérielles sont beaucoup souvent que les autres insatisfaites de leur vie en chiffres 27.3% contre 2.5%. Elles participent plus de 2 fois moins aux activités associatives, culturelles, ce qui peut contribuer à les isoler et les précariser dans la vie sociale.
D’autre part, malgré le nombre de personne en situation de précarité et la cherté, le niveau de vie en Suisse restent les plus élevés d’Europe, précise l’OFS. Pour faire des comparaisons entre la Suisse et les pays de l’Union européenne, on considère le taux de risque de pauvreté. En 2018, celui-ci était de 14.6% en Suisse, inférieur à la moyenne européenne 17.1%.
La pauvreté est un frein au développement et au progrès démocratique ainsi qu’à l’écologie. Les inégalités sociales, les inégalités d’accès aux formations ne permettent pas aux populations d’améliorer leurs conditions de vie ni d’augmenter leur pouvoir d’achat.
Ihsan Kurt
Conseiller communal, candidat à la Municipalité
Article paru dans le Fil Rouge,
journal du Parti socialiste vaudois en Octobre 2020