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Pour renforcer la cohésion sociale, au-delà du blabla…

par | 25 novembre 2019 | Articles de presse, Cohésion sociale, Migrations

Ihsan Kurt rappelle l’importance de l’égalité des chances en matière d’emploi, de logement ou d’électivité.

Portrait d'Ihsan Kurt

Ihsan Kurt est conseiller communal, travailleur social et possède un Master en administration publique (IDEHAP). Il est candidat socialiste à la Municipalité de Prilly en mars 2021.

L’État de droit, l’État social, la justice sociale constituent les fondements d’une démocratie. Mais les lois et les procédures administratives seules ne suffisent pas à en garantir le bon fonctionnement. Dans ce but, la cohésion sociale et l’égalité des chances sont deux valeurs essentielles. En effet, il est primordial que toute personne, de toute origine culturelle, confessionnelle, quel que soit son genre, se sente égale non seulement devant la loi, mais qu’elle puisse disposer des moyens et des bienfaits nécessaires pour vivre dans la dignité.

L’égalité des chances pour travailler, faire carrière, participer à la vie politique, avoir un logement selon son revenu est une condition sine qua non du fonctionnement d’une démocratie. L’exclusion d’une partie importante de la population d’une vie professionnelle correspondant à ses capacités peut représenter une vraie menace pour la paix sociale.

Quelques recherches démontrent que la démocratie helvétique a encore du chemin à faire dans le domaine de l’égalité des chances. Selon une étude de l’Université de Neuchâtel (UniNE), les étrangers et les citoyens suisses issus de la migration subissent des inégalités de traitement dans la recherche d’un emploi, d’un logement et en politique. Même si une personne est née en Suisse, y a grandi et a été naturalisée, elle subit encore des discriminations en raison des caractéristiques de son nom, de sa couleur de peau. Dans l’étude expérimentale du Forum suisse pour l’étude des migrations et de la population (UniNE), des chercheurs démontrent que les chances d’accéder à un emploi dépendent largement du pays d’origine des parents des candidats.

 

«Quelques recherches démontrent que la démocratie helvétique a encore du chemin à faire dans le domaine de l’égalité des chances»

 

Une autre étude sociologique sur la discrimination, menée par des chercheurs des Universités de Lausanne, de Genève et de Neuchâtel, montre que le même phénomène a un impact sur la recherche d’un logement, notamment en lien avec les noms exotiques des personnes.

Enfin, une recherche menée par l’Université de Lucerne sur les bulletins de vote des élections fédérales de 2015 montre que les politiciennes et politiciens aux noms étrangers ont été plus souvent rayés des listes que celles et ceux portant un nom suisse.

Partant de ces problèmes auxquels notre démocratie est confrontée et des menaces qu’ils font peser sur la cohésion sociale, il est nécessaire de prendre des mesures concrètes. Certes, il faut des politiques de sensibilisation, mais un cadre légal de protection des «minorités visibles» ainsi que des procédures de recrutement transparentes et anonymes sont nécessaires. Mais il faut surtout le courage de mener des politiques correctives et d’appliquer des actions positives pour éliminer les exclusions sociales. Ces mesures, déjà appliquées par certains pays européens, tirent leurs bases légales du droit européen.

 

Ihsan KURT

Article paru dans le 24 Heures du 25 novembre 2019